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Collection Shikuan 2022

Shikuan, c’est le pré-printemps en Nehlueun. Qu’est-ce que le pré-printemps ? C’est une saison supplémentaire qu’ont les Pekuakamiulnuatsh. En effet, chaque Première Nation a un nombre de saisons variable en fonction de son territoire. Sur le Nitassinan (notre territoire), la transition entre l’hiver et le printemps est assez longue.

Autrefois, le pré-printemps était un moment d’attente. C’était la période où il était difficile de se déplacer en raquettes à cause de la neige qui fond, mais où il n’était pas encore possible de se déplacer en canot parce que les rivières étaient encore gelées. Personnellement, dans un quotidien qui est beaucoup moins rythmé par les saisons, je surnomme le pré-printemps « la saison poche ». Vous savez, la saison où les jours de pluies et de neiges s’alternent, où le sol est parfois mouillés, parfois glacé et souvent boueux. À toute les fois que je m’emballe aux premiers redoux, je me rappelle que nous devons passer à travers cette mini-saison de pluie, de neige et de boue avant d’enfin accueillir le printemps.

Comment on fait pour créer des motifs attrayants à partir d’une saison poche ? On part de ce qu’il y a de beau. Pour démarrer mon processus créatif, je me suis imaginée dans un campement sur le bord d’une rivière, en attendant le printemps. J’ai senti les odeurs : la neige qui fond, la terre qui dégèle, l’eau froide qui coule. Ça sent bon. J’ai vu les couleurs apparaître sous la neige : le bleu de la rivière, le brun de la terre, le rose de l’écorce de bouleau. C’est cette ambiance fraîche, douce et odorante qui a donné le ton à la collection.

Pour le motif, je me suis plongée dans les livres du centre de documentation et d’archives de la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh. Dans un ouvrage dont j’ai oublié la référence, j’ai découvert un motif de double arches d’origine crie qui m’a particulièrement interpellée. C’est un genre de motif qu’il me semble avoir déjà vu sur des pièces innues également. Je m’en suis inspiré pour en faire un version plus contemporaine propre à mon style en conservant les courbes inférieures et en remplaçant la fleur du haut par une fleur plus réaliste.

Il est important pour moi de m’inspirer de motifs anciens pour rendre hommage à nos ancêtres. J’espère que dans mille ans, quelqu’un verra mon motif dans un livre et le réinventera pour qu’il revive pendant 1000 années de plus.

J’espère que vous aimerez cette nouvelle collection autant que moi! Milu shikuan, joyeux pré-printemps à tous ceux qui vivent sur le Nitassinan!

Raphaëlle
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Sylvie Langevin, artisane

Si Matsheshu Créations a pu voir le jour, c’est grâce au support et aux encouragements de mon entourage, dont ma précieuse maman. Que se soit pour me conseiller, me motiver, se faire prendre en photo ou m’aider avec la production, ma mère est toujours à mes côtés. Voici l’entrevue qu’Audrey-Anne a réalisé avec elle.


Mme Sylvie Langevin est une femme de cœur qui est très impliquée au sein de sa communauté. Elle fait partie du club optimiste depuis 22 ans, elle est Marguillère pour la paroisse Kateri Tekakwitha de Mashteuiatsh et elle s’est aussi beaucoup impliquée dans les Jeux Autochtones Interbandes (JAIB) et au conseil d’administration de la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh (SHAM) dont elle a été présidente pendant près de 3 ans. Après 18 ans de carrière en enseignement où elle a formé la relève de notre communauté, elle a fait le saut en politique et est maintenant Vice-cheffe des Pekuakamiulnuatsh depuis août 2021.

Lorsqu’elle était étudiante, Mme Langevin a travaillé à la boutique Ilnutsh (succursale de la boutique Mashk) à Québec où elle a été initiée à l’artisanat. En effet, les autres employés de la boutique d’art autochtone lui ont notamment appris comment faire des bracelets et des ceintures en os.

Une fois adulte, Mme Sylvie Langevin a voulu continuer à apprendre d’autres techniques d’artisanat en s’inscrivant à différents cours offerts dans sa communauté. Elle a d’abord appris à confectionner un sac en toile et une poupée ilnu avec Michelle Connelly, puis a suivi un cours de confection de mocassins d’hiver avec Simon Bussières-Launière. Elle souhaite maintenant apprendre à confectionner des petits mocassins ainsi que des mitaines en cuir d’orignal afin d’en faire cadeaux aux membres de sa famille.

Mme Langevin a renoué avec l’artisanat lorsque Matsheshu Créations a vu le jour. Elle a commencé par confectionner des porte-clé en os pour ses collègues des l’école Amishk, puis s’est mise à en confectionner pour Matsheshu Créations. Elle a ensuite eu envie de recommencer à faire des bracelets en os. Habile couturière, elle a aussi participé à la production des chouchous et des masques.

Cette femme remplie de créativité raconte que faire de la création lui fait beaucoup de bien. Puisqu’elle aime l’esthétique, elle essaie toujours de faire en sorte que ce qu’elle fabrique reflète cette partie d’elle-même. En fait, l’une de ses forces est d’agencer toutes les couleurs ensemble afin que le tout soit élégant.    

Ça me rend fière de fabriquer des objets qui ont rapport avec ma culture !
— Sylvie Langevin

Enfin, Mme Sylvie explique que sa fille, Raphaëlle, l’impressionne depuis qu’elle est toute petite et qu’elle ne cesse de le faire encore aujourd’hui. D’ailleurs, lorsque celle-ci n’était âgée que de 8 ans seulement, elle avait regardé sa mère coudre et c’est de cette façon qu’elle a appris comment faire. Mme Sylvie raconte en riant que quelqu’un lui avait déjà dit que l’élève allait dépasser le maître et elle a répondu que c’est exactement ce qui est arrivé. La fille de Mme Langevin est pour elle sa plus grande source d’inspiration et, en même temps, l’artisane qu’elle admire le plus. Elle parle d’elle le sourire aux lèvres et les étoiles dans les yeux ! En fait, Mme Sylvie peine à trouver les mots pour décrire toute la gratitude qu’elle a à l’égard de sa fille. En réalité, ça la rend émotive de voir tout ce qu’elle réussit à mettre en œuvre, de voir le cheminement de ses créations ; les idées qu’elle a dans sa tête qui se transforment en dessin jusqu’à la réalisation d’une création.

Audrey-Anne Gingras


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Collection Takuatshin-Pipun, le feu et la glace

Cette collection est un hommage à nos ancêtres, au territoire et à tous ceux qui luttent pour le protéger.

Lorsque je suis dans un élan créatif, je dessine pleins d’éléments sans but ni limite. Ensuite, je m’amuse à les réorganiser et les bonifier pour en faire des motifs. Parfois, ça prend quelques minutes pour arriver à un motif magnifique et parfois, comme cette fois, ça prend plusieurs heures. Il faut dire que pour cette collection automne-hiver, je m’étais donné le défi supplémentaire de créer des motifs unisexes, ce qui me sortait légèrement de ma zone de confort. Après plusieurs expérimentations, j’en suis finalement arrivé à deux motifs déclinés en trois teintes. Je vous explique ici la démarche créative derrière ces œuvres.

Motif floral

L’élément central du premier motif est un motif de fleur symétrique qui me rappellent ceux que l’on peut créer avec la technique du mordillage d’écorce ou ceux que l’on retrouve sur les contenants d’écorce. Pour lui donner une touche plus masculine, j’ai voulu le disposer de façon à reproduire un motif plus masculin et typique de la saison froide : le carreauté. En plus d’être un motif très commun sur les chemises de chasse, les motifs carreautés sont d’origine écossaise comme plusieurs de mes ancêtres. C’est un motifs à la fois contemporain et traditionnel puisqu’il est utilisé chez les Ilnuatsh depuis plusieurs générations et qu’il est encore très courant encore aujourd’hui.

Motif pointes de flèches

Pour l’autre motif, je voulais expérimenter avec un élément qui avait attiré mon attention dans le livre Ashineun qui répertorie plusieurs vêtement et objets de notre nation qui ont été collectionnés par l’anthropologue Frank G. Speck. Ce petit symbole me faisait penser à la fois à une pointe de flèche, une feuille de chêne , un conifère ou un cours d’eau et ses affluents. J’aime les symboles qui peuvent être interprétés de différentes façons au gré de ceux qui l’admirent.

Les couleurs du territoire

Pour cette collection, je voulait des couleurs chaudes qui rappellent les feuilles de l’automne, des couleurs froides qui évoquent la neige en hiver et j’ai aussi voulu inclure une version noir et blanche pour offrir une option plus neutre, mais aussi pour faire un clin d’œil au passé, à nos ancêtres. Le motif floral est monochrome tandis que le motif à pointe de flèche comprend deux couleurs principales pour donner encore plus de possibilités de sens à ses motifs.

Lorsque je regarde les motifs de cette collection, je vois le Nitasinan (territoire). Takuatshin (automne) est la saison où presque tous les Pekuakamiulnuatsh vont en territoire. En plus de la chasse à l’orignal, on pratique la petite chasse, on commence le tannage des peaux et on en profite pour transmettre les enseignements aux plus jeunes. Il n’y a pas si longtemps, les Pekuakamiulnuatsh passaient tout l’hiver en forêt. Maintenant, les séjours en territoires sont plus courts, mais nos traditions sont encore transmises et notre culture est toujours vivante. Cette collection est un hommage à nos ancêtres, au territoire et à tous ceux qui luttent pour le protéger.

J’espère qu’elle vous plaira!

xxx

Raphaëlle

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Collection Nipin, les fleurs à l’honneur

C’est fou comme le temps passe vite! Déjà une troisième collection cette année! Je suis particulièrement fière de cette collection que je prépare depuis plusieurs mois déjà. Elle est composée de trois motifs déclinés en trois palettes de couleurs qui ont inspiré quelques 75 produits d’artisanat uniques confectionnés par moi-même, Audrey-Anne Gingras, Nataly Kurtness, Sylvie Langevin, Anthony Raphaël-Charlish et Micheline Bellemare. Tous les motifs s’inspirent de fleurs que l’on retrouve sur le Nitassinan (territoire).

J’ai toujours admiré les plantes et les fleurs, mais j’ai récemment commencé à m’intéresser plus sérieusement à la flore sauvage du Nitassinan. À chaque été, je parcours la piste cyclable entre Mashteuiatsh et Saint-Prime et je m’efforce d’apprendre à reconnaître au moins cinq nouvelles plantes par année. L’une des premières plantes que j’ai appris à identifier est la verge d’or. En Nehlueun, on l’appelle amu uapikun, ce qui signifie ‘‘la fleur des abeilles’’. C’est cette plante qui a inspiré le premier motif de la collection.

Amu uapikun, verge d’or du Canada
Amu uapikun, verge d’or du Canada 

Le deuxième motif quant à lui s’inspire de la traditionnelle fleur de bleuet que l’on retrouve dans plusieurs patrons de broderies. J’ai toujours adoré les motifs traditionnels de broderie. Lorsque j’ai commencé à dessiner pour Matsheshu Créations, j’ai emprunté un dossier contenant près d’une centaine de patrons de broderies confectionnés par des artisanes de Mashteuiatsh dans les années 70 qui est conservé au centre de documentation et d’archives de la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh (SHAM). Il y avait toutes sortes de fleurs incluant des fleurs de bleuets (minish) que j’ai adaptées pour créer ce motif.

Exemple de patrons de broderie conservés au centre de documentation et d'archives de la SHAM
Exemple de patrons de broderie conservés au centre de documentation et d'archives de la SHAM

Pour le dernier motif, j’ai voulu continuer dans mon inspiration florale, mais avec une approche plus géométrique. J’ai alors pensé au quatre-temps. Cette plante appelée shashakuminan en Nehlueun a quelques feuilles bien arrondies et fleuri au printemps. On croirait qu’elle arbore de grandes fleurs blanches, mais la partie blanche est en fait des feuilles. Les fleurs sont les toutes petites choses que l’on retrouve au centre.

Quatre-temps, shashakuminan
Quatre-temps, shashakuminan

Une fois les motifs terminés, j’ai dû choisir des palettes de couleurs. J’ai d’abord commencé par les tons de vert, bleu et beige car Nataly m’avait montré quelques unes de ses créations mettant en valeur ces couleurs et je voulais absolument les inclure dans une collection. Ensuite, j’ai expérimenté avec le rose et le orange parce que ce sont des couleurs que j’affectionne particulièrement. Puis, il y a eu les audiences publiques pour Joyce Eshaquan. Même si je savais que la collection serait lancée une fois qu’elles allaient être terminées, j’ai voulu inclure du mauve parce que je souhaite que nous continuons à porter le mauve fièrement à sa mémoire et pour continuer à lutter contre le racisme systémique.

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Après ces mois de travail, j’ai vraiment hâte de vous dévoiler toutes les magnifiques créations qui découlent de cette collection! Les produits seront mis en ligne jeudi le 5 août à 16h30 et, comme à l’habitude, je ferai un petit vidéo sur la page Facebook pour vous parler des différents artisans et de leurs créations.

À bientôt!

Raphaëlle xxx

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Camp artistique de Roberval

Il y a quelques semaines, Matsheshu Creations a été approché par le camp artistique de Roberval afin que nous transmettions notre culture aux jeunes du camp. Nous devions ainsi préparer des activités pour la semaine du 5 au 9 juillet ainsi que celle du 19 au 23 juillet pour 3 groupes de jeunes âgés entre 9 ans et 12 ans soit le groupe de Pastelle, de Tournesol et de Papillon.

Notre objectif principal lorsque nous avons mis en place les activités était de faire rayonner la culture des Pekuakamiulnuatsh à travers de petites discussions et à travers différents ateliers. De ce fait, pour la première semaine, nous avons choisi de leur faire faire un petit médaillon, un porte-clé ainsi qu’un bracelet et, pour la deuxième semaine, nous les avons initiés à la broderie.

Pour les trois premiers ateliers, chaque enfant avait à sa disposition une pochette avec les instructions de chacun des ateliers ainsi qu’un tapis pour y déposer les perles. De ce fait, les jeunes pouvaient avancer à leur rythme : attendre mes explications ou, pour les plus rapides, se fier aux instructions. Une fois les trois activité terminé, nous avons mis à la disposition des enfants une liste de mot en Nehlueun pour qu’ils fassent un dessin et qu’ils inscrivent le mot en Nehlueun à côté de celui-ci. Ce que la majorité d’entre eux ont aimé le plus faire est le bracelet. Malgré leurs réticences du début, ils ont trouvé cette activité facile et amusante. À la fin de la semaine, les trois ateliers ont été exposés dans la classe d’art pour que chacun puisse voir ce que les autres avaient réalisé.

Le dessin avec le mot en Nehueun, le bracelet, le porte-clés et le médaillon

Pour la broderie, j’ai commencé par leur montrer trois points de broderie soit le pointiller, la ligne continue et le point de chaînette. Ensuite, je leur ai montrer différentes techniques de pliage et ils ont créer leur propre patron de broderie. Ils ont donc pu se mettre à la broderie dès qu’ils ont eu terminé de dessiner leur motif sur leur toile de tente. Pour finaliser le tout, ils ont installé un bâton et accroché un fil à celui-ci afin de pouvoir l’accrocher.

Lorsque Raphaëlle m’a parlé de cette belle opportunité et m’a demandé si j’étais intéressée à y participer, je n’ai pas hésité une seule seconde. Étudiant en enseignement préscolaire et primaire, il n’y a pas de doute que j’adore les enfants et que j’adore tout autant apprendre aux autres. De ce fait, j’ai adoré mon expérience au camp artistique d’autant plus que j’ai pu transmettre des éléments de ma culture, ce qui me tient vraiment à cœur.

J’ai eu beaucoup de retour positif tant de la part des animateurs que de la part des enfants qui me disaient avoir vraiment aimé faire de l’art autochtone et qu’ils auraient aimé en voir encore plus. La transmission culturelle est très importante pour moi et de voir que les jeunes ont autant apprécié m’a chaud au cœur. Ils ont été très impressionnés de voir ce qu’ils ont pu réaliser.

Le camp artistique a été une très belle expérience pour moi et j’espère avoir la chance d’y reparticiper dans les années à venir.

Audrey-Anne Gingras

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Nataly Kurtness, artisane

Lorsque j’ai rencontré Nataly lors du camp entrepreneurial au féminin de la SDEI en février dernier, j’étais loin de me douter qu’elle prendrait une place aussi importante dans mon projet. Dès qu’elle m’a montré ses créations, j’ai été subjuguée. Je lui suis très reconnaissante pour son soutien et sa confiance et j’avais très hâte qu’Audrey-Anne la rencontre pour qu’elle puisse vous la présenter. Voici donc l’article qu’elle a écrit suite à son entrevue avec l’inspirante Nataly Kurtness.

Nataly Kurtness
Nataly Kurtness

Enseignante de profession, madame Nataly Kurtness a toujours eu une grande passion pour l’artisanat. Mme Kurtness a enseigné dans une école primaire pour ensuite travailler comme conseillère pédagogique. Elle a aussi beaucoup voyagé ce qui lui a permis de découvrir plusieurs régions et, ainsi, lui donner des idées pour mettre son talent à profit et confectionner plusieurs créations.

L’artisanat et l’art ont toujours été très présents au sein de la famille de Mme Kurtness. D’ailleurs, son frère Manuel ainsi que sa sœur Katia sont des artistes professionnels. Lorsqu’elle était jeune, elle se rappelle que ses tantes étaient reconnues dans la communauté pour le travail qu’elles faisaient notamment à l’aiguille, au perlage et à la broderie. Dès qu’un membre de leur famille était nommé chef de la communauté, ce sont ses tantes qui faisaient la majorité de leurs vêtements de chef. 

C’est la mère de Mme Kurtness qui l’a initié à l’artisanat lorsqu’elle était jeune. En effet, la mère de Mme Nataly Kurtness faisait beaucoup d’artisanat pour la boutique de Thommy Robertson ; il s’agissait d’un second revenu pour la famille. Elle raconte que ses sœurs et elle ont commencé à confectionner des créations avec leur mère afin de l’aider ; elles faisaient ça en famille. En créant avec sa mère, Mme Kurtness a beaucoup appris et elle a accumulé beaucoup d’expérience.

C’est lors de sa carrière d’enseignante que Mme Kurtness fit pour la première fois un capteur de rêve. En fait, c’est un de ses élèves à l’époque, en 6e année, qui lui a montré comment faire et, d’ailleurs, elle le remercie encore aujourd’hui ; elle lui est reconnaissante.

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Maintenant, c’est plutôt grâce à Raphaëlle Langevin ainsi qu’à sa boutique en ligne Matsheshu Créations que Mme Kurtness continue de faire de l’artisanat. En effet, elle a vu en son projet l’opportunité de faire des créations à une plus grande échelle et de faire connaître son talent.

Ayant comme autre passion le golf, Mme Kurtness raconte qu’elle a déjà créé une œuvre pour une enchère silencieuse à son club de golf qui s’est vendu à un prix bien au-delà de ses attentes ; quelque chose qu’elle n’oubliera jamais ! En effet, elle explique avec émotion qu’elle fut étonnée de voir que son capteur de rêve s’est vendu à un tel prix étant donné que le travail des artisans est bien souvent trop peu reconnu à leur juste valeur. D’ailleurs, Mme Kurtness souhaiterait que les artisans reçoivent autant de reconnaissance que les artistes visuels.

Mme Kurtness est une femme autodidacte et multifonctionnelle ; elle adore toucher à tout et faire des créations uniques. Son artisanat se distingue des autres puisqu’il y a toujours une touche de brillant dans ses créations et parce qu’elle essaie d’exploiter le plus de matériaux qui viennent de la nature même. Outre les capteurs de rêves qu’elle confectionne, Mme Nataly Kurtness réalise aussi des boucles d’oreilles, des colliers, des bracelets, des porte-clés et des sacs. 

Quelques paires de boucles d’oreilles confectionnées pour la collection Akushimashun. 

Mme Kurtness utilise beaucoup de matières premières lorsqu’elle produit des créations. En effet, son fils lui récolte du panache d’orignal ainsi que les os et le poil de ses animaux. D’ailleurs, Mme Nataly Kurtness mentionne que lorsque son fils et elle chassent, ils récupèrent tout ce qu’ils peuvent sur l’animal afin de pouvoir les réutiliser. Mise à part le panache, les os et le poil, Mme Kurtness fait aussi appel à M. Daniel Courtois pour avoir accès aux crânes d’animaux, aux griffes d’ours, ainsi qu’aux dents. Plus tard, Mme Kurtness aimerait intégrer à ses créations des os de poisson afin de diversifier le plus possible les matières premières qu’elle utilise.

Mme Kurtness est une amoureuse de la nature et c’est souvent grâce à ses marches en forêt qu’elle trouve de l’inspiration. En effet, elle essaie toujours de voir ce que la nature peut lui offrir et tente de l’exploiter le plus possible. Bien souvent, elle ramasse des choses en forêt et elle s’efforce de leur trouver une place à travers une de ses créations.  

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 La forêt, ça fait que je me connecte à son âme et à mon cœur.
— Nataly Kurtness

L’artisanat est très important pour Mme Nataly Kurtness ; ça lui permet de rester connecté et d’éviter de trop penser. Pour elle, le temps n’existe pas lorsqu’elle fait ses créations ; un petit 5 minutes se transforme bien souvent en quelques heures. Mme Kurtness explique que, selon elle, les personnes qui vont porter ses créations vont être fières de porter des créations d’une artisane qui veut montrer sa culture. Elle dit : « À toutes les fois que je fais une production, c’est mon cœur qui est dedans. » En effet, c’est son cœur qui parle chaque fois qu’elle réalise une création.

Audrey-Anne Gingras


Dans les prochaines semaines, nous continueront à vous présenter d’autres artisanes qui contribuent aux collection de Matsheshu Créations. Suivez-nous sur notre Facebook Matsheshu Créations et sur notre compte Instagram @matsheshu.creations pour ne rien manquer!

Raphaëlle, xxx

Pour découvrir toute notre équipe, c’est par ici : À propos de nous

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Akushimashun, une collection spéciale

Quand les 215 enfants de Kaamloops ont été retrouvés, je me suis sentie bouleversée. J’ai voulu prendre la parole, mais je n’ai pas trouvé les mots. Je me suis alors mise à la création. J’ai créé une oeuvre qui rassemble 215 fleurs montagnaises, toutes uniques à l’image de chacun de ces enfants. Quand j’ai vu le résultat final de l’oeuvre, j’étais touchée. Je n’ai pas pu m’arrêter là. J'ai voulu créer une collection de vêtements et d’accessoires qui contribuerait à sensibiliser la population aux enjeux liés aux pensionnats autochtones et à redonner une partie des profits aux survivants et leur famille. La collection s'appelle Akushimashun (orange en Nehlueun), couleur qui a été associée à la cause des pensionnats.



La collection comprend trois tshirt avec les slogans "Chaque enfant compte" et/ou "Kassinu papeik auassatsh ishpitelitamuatsh" (en Nehlueun), un tissus en version noir et blanc et en version orange ainsi qu’une variété de pièces artisanales confectionnées par des artisanes locales. Je suis vraiment très fière du résultat de cette collection. J'ai été épatée par la créativité des artisanes et j'étais très émue lorsque j'ai reçu les tests de tshirt et les tissus.

Moi, ma mère et Théa au Parc Jean-Béliveau ©Kelly-Anne Lepage
Moi, ma mère et Théa au Parc Jean-Béliveau ©Kelly-Anne Lepage

Le 1er juillet dernier, ma mère, ma fille et moi sommes allées à Québec pour la marche de solidarité envers les Premières Nations. Nous avons porté les premiers tshirts et apporté une partie de la collection Akushimashun pour vendre quelques accessoires en primeur. Nous avons eu la chance de rencontre quelques unes des milliers de personnes qui se sont déplacées pour montrer le soutien. Je trouve ça encourageant de voir qu’autant de personnes sont préoccupées par les enjeux des Premières Nations. J’espère que mes créations permettront de continuer à faire parler de nous pour que la situation s’améliore et que les blessures se pansent

Comme nous l’avons constaté dans les dernières semaines, les recherches commencent à peine et le nombre d’enfants ne cesse d’augmenter. Ces trouvailles rouvrent les plaies des survivants. C'est important pour moi que celle collection contribue à la sensibilisation, mais plus concrètement qu'elle permette d'amasser des fonds pour soutenir les survivants et leur famille dans leur processus de guérison. Pour chaque item de la collection Akushimashun vendu, 2 à 5$ sera mis de côté pour financer des projets d'arts thérapie en collaboration avec Sonia Robertson, art thérapeute de Mashteuiatsh. L'art est un moyen d'expression reconnu, mais c'est aussi un outil de guérison puissant. J’espère que les fonds amassés contribueront à apaiser les gens de nos communautés.

La collection Akushimashun sera en ligne le jeudi 8 juillet à compté de 16h30. Le tissus est disponible en quantité très limitée, mais il sera ensuite possible de faire une pré-commande pour la prochaine impression. Pour les tshirts, il y aura une première commande lundi le 12 juillet, puis à chaque lundi. Les délais de livraison peuvent varier en fonction du volume de commande.

Tshinishkumitnau

Raphaëlle
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Pourquoi Matsheshu ?

Dans les dernières semaines, plusieurs personnes m’ont demandé pourquoi mon entreprise s’appelle Matsheshu Créations. J’ai donc décidé de vous raconter comment ce choix de nom s’est imposé à moi quand est venu le temps de nommer mon projet. 

D’abord, qu’est-ce que ça veut dire matsheshu ? C’est simplement le mot renard en Nehlueun (la langue des Pekuakamiulnuatsh), d’où mon logo avec un petit renard. 

C'était important pour moi d'inclure un mot en Nehlueun parce la culture des Pekuakamiulnuatsh est au cœur de toutes mes actions. J'ai quand même hésité longtemps, parce que j'avais peur que les gens aient de la difficulté à me trouver ou à recommander ma boutique à leur amis si le nom était "compliqué". Alors j'ai demandé conseil. Bien que quelques uns partageaient mes réticences, presque tous m'encourageaient à utiliser un nom en Nehlueun. De tous les arguments que j'ai reçu, celui qui m'a le plus marqué m'est venu d'une femme que je ne connais pas, rencontrée sur un groupe Facebook. Elle m'a dit que si les gens étaient capable de prononcer et de se rappeler de HÄAGEN-DAZS, elle ne voyait pas pourquoi ils ne pourraient pas faire la même chose pour Matsheshu. Effectivement, je crois que plus les mots "ethniques" feront partie de notre quotidien, plus on en connaîtra et plus il sera facile de les prononcer. Utiliser fièrement des mots en langues autochtones, c'est confronter les idées colonialistes qui sont encore présentes dans notre société.

Maintenant, pourquoi le renard ? La réponse courte est : parce que c’est mon animal préféré. La réponse longue, laissez-moi vous la raconter.

Tout à commencé un beau matin d’hiver, quand j’avais à peu près 16 ans. Je me préparais à déjeuner dans la cuisine quand j’apperçu à la fenêtre, là en plein milieu de ma cour arrière, un renard flamboyant. Je me rappelle encore le contraste entre sa fourrure rousse et la neige blanche. C'était la première fois que je voyais un renard en liberté. Le mois qui a suivi, j’ai revu au moins 3 renards à des endroits différents. J'y ai vu un signe et j'ai cherché ce que ça pouvait signifier. J'ai trouvé que lorsqu'on voit des renards dans des endroits inusités, c'est que quelqu'un nous envie. Ça se pouvait très bien. Déjà, je menais une vie très heureuse : j'étais bien entourée, je réussissais bien à l'école et je pratiquais plusieurs loisirs qui contribuaient à mon épanouissement personnel. Le renard est alors devenu le symbole de mon bonheur et un animal auquel je m'attachais de plus en plus. 

Depuis, je ne peux m'empêcher de vouloir posséder chandails, bijoux, accessoires, sacs et objets utilitaires à l'effigie du renard. Je porte aussi ma propre version de la fourrure rousse du renard - mon fameux manteau orange - à presque tous les jours, dès que la température le permet.

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L’expression anglaise dit « tu peux seulement relier les points quand tu regardes en arrière ». C'est en écrivant ces lignes que je prend pleinement conscience de tout ce que le renard représente pour moi et comment il me guide à chque jour. Le renard est un animal ingénieux, intelligent et fier. Je l'ai choisi pour mon entreprise parce qu'il est très significatif pour moi. Je suis confiante qu'il m'aidera à surmonter toutes les épreuves de mon parcours entreprenarial pour faire de mon projet une réussite. Je souhaite aussi qu'il inspirer tous ceux et celles qui porteront les créations Matsheshu a être fiers de qui ils sont et à contribuer au rayonnement de la culture des Pekuakamiulnuatsh et des autres Premières Nations.

Raphaelle Xxx

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Yvonne Bégin, artisane

Dans mon dernier article, je mentionnais que c’est très important pour moi de faire une place aux artisans locaux dans mon projet. Chaque artisan a une histoire riche et tellement de connaissances à partager! Je souhaitais donc offrir l’opportunité à mon employée Audrey-Anne de les rencontrer pour qu’elle puisse ensuite vous en parler et vous les faire découvrir. Voici le résultat de sa première entrevue avec madame Yvonne Bégin.

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Yvonne Bégin dans son atelier @Audrey-Anne Gingras, 2021

Mme Yvonne Bégin est une Pekuakamiulnu venant d’une famille de 5 enfants. Dans sa famille, sa mère ainsi que sa tante faisaient de l’artisanat et sa kukum, de la couture. En fait, c’est de sa kukum que Mme Bégin a appris tout ce qu’elle connait aujourd’hui.

Lorsqu’elle était jeune, elle était toujours avec sa kukum dans la tente et elle pouvait la regarder coudre pendant des heures entières. Un jour, sa kukum lui jeta un morceau de tissus en lui disant que c’était maintenant à son tour de coudre ; elle n’était âgée que de 5-6 ans à l’époque. À ce moment, Mme Bégin s’imagina un ours et elle commença dès lors à le découper. Une fois cette étape terminée, sa kukum lui donna du matériel pour remplir son toutou et elle lui donna ensuite des boutons pour faire ses yeux. Ce fut la première chose que Mme Bégin cousît. Elle continua à accumuler de l’expérience en faisant des poupées. Au départ, elle finalisait les poupées de son père en faisant la tête et les cheveux et, au fil du temps, elle confectionna des poupées entières. Les premières qu’elle réalisa n’étaient pas plus grosses qu’un petit doigt. Mme Bégin raconte qu’elle pleurait et criait parce qu’elle se piquait avec l’aiguille : « Je voyais ma kukum faire qui mettait son aiguille dans sa robe, mais moi j’allais trop vite et je me piquais ». Mme Bégin explique qu’elle voulait toujours aller plus vite et qu’elle était nerveuse, donc elle avait les mains qui tremblaient et c’est souvent pour cette raison qu’elle se piquait les doigts.

Un peu plus tard, lorsqu’elle s’est mariée, une de ses amies lui a remis une grande peau tannée et c’est avec cette même peau que Mme Bégin fit pour la première fois des mitaines. Elle commença alors à vendre ses créations à Mistassini et au village Huron.

Mme Bégin considère l’artisanat comme une source de revenu qui lui permet de se débrouiller dans la plupart des situations et c’est exactement ce que sa mère lui disait lorsqu’elle était jeune : « [l’artisanat], ça va te sortir de tes pétrins ! » En plus de pouvoir lui rapporter financièrement, l’artisanat lui apporte aussi au niveau spirituel. En effet, ça lui permet de « se reconnaître intérieurement » et, parfois, elle en oublie même de manger !

Je me sens fière de moi quand je fais toutes ces affaires-là.
— Yvonne Bégin

On peut reconnaître l’artisanat de Mme Yvonne par les poupées qu’elle fait ainsi que les mocassins, les sacoches, les tekenakans (portes-bébés), les boucles d’oreilles, les bracelets, les colliers ainsi que les capteurs de rêves. Puisqu’elle ne prend jamais de patrons (il n’y en a jamais eu dans sa famille), les poupées qu’elle confectionne sont toutes différentes et, alors que la majorité des autres artisanes font les yeux des poupées avec du crayon, Mme Bégin les brode ce qui leur donne un cachet particulier.

Enfin, Mme Bégin admire tous les artisans. En fait, elle aime tout le monde qui fait de l’artisanat et elle les encourage tous parce qu’elle trouve cela très important que l’artisanat se poursuivre à travers les générations. Elle a elle-même transmis ses connaissances lorsqu’elle travaillait à l’école Kassinu Mamu. Elle travaillait dans la cuisine et, lorsqu’elle avait terminé, elle allait voir les jeunes pour leur montrer ce qu’elle connaissait. Elle raconte qu’elle apprenait aux jeunes tout ce qu’ils voulaient apprendre. Son plus grand souhait est de montrer aux jeunes comment faire des poupées.

Écrit par Audrey-Anne Gingras


Dans les prochaines semaines, nous vous présenterons d’autres artisanes qui ont contribué à la collection Milushkamu. Suivez-nous sur notre Facebook Matsheshu Créations et sur notre compte Instagram @matsheshu.creations pour ne rien manquer!

Raphaëlle, xxx

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Milushkamu partie 2 - L’artisanat

La première partie de la collection Milushkamu mettait en vedette mes motifs et ma passion pour la couture. Pour ce deuxième lancement, c’est ma passion pour l’artisanat qui sera à l’honneur.

J’aurais pu essayer de tout faire moi-même, de travailler à la chaîne pour gagner en efficacité ou engager plusieurs employés pour exécuter des tâches répétitives, mais j’ai voulu faire autrement. Depuis le début de mon projet, je souhaite mettre en valeur la culture, les traditions et le savoir-faire des Pekuakamiulnuatsh. J’ai donc lancé un appel aux artisans de ma communauté pour qu’ils participent à mon projet et qu’ils rendent mes collections encore plus intéressantes.

L’artisanat, comme bien d’autres choses, ça prend beaucoup de temps. Ça demande de la technique, de bons outils, de la créativité, de l’ingéniosité, de la pratique et de la patience. C’était important pour moi d’offrir une collection substantielle, mais qui encourage la créativité et l’innovation et qui respecte le rythme de production des artisans pour maintenir le plaisir de la création. C’est pourquoi on y retrouve peu d’exemplaires d’un même produit.

Pour moi, l’artisanat c’est une façon de perpétuer et de transmettre la culture. C’est grâce à l’artisanat que j’ai rencontré plusieurs Pekuakamiulnuatsh qui m’ont transmis leurs connaissances. L’artisanat, c’est un outil de guérison inestimable. Ça nous permet de prendre du temps pour nous, de réfléchir, de nous recentrer et d’échanger avec d’autres. L’artisanat c’est aussi une source de fierté et une façon d’afficher notre appartenance à notre nation ou notre support aux Premières Nations en général. Quand je vois ma mère qui porte les boucles d’oreilles que je lui ai confectionnées, je me sens fière et je sais qu’elle l’est aussi. Quand je vois mes amies porter les boucles d’oreilles qu’elles ont achetées d’un artisan autochtone, je les trouve belles et je ressens leur appréciation de nos cultures et leur support de nos revendications.

Ce qui rend les pièces d’artisanat précieuses à mes yeux, c’est tout le processus qui se cache derrière le produit fini. Ce sont les marches en forêt, les visites dans des musée, les rencontres et les échanges qui ont nourri le processus créatif. Ce sont les apprentissages, les expérimentations et les réflexions qui ont permis la conception du design. Ce sont ensuite les dizaines, centaines ou milliers d’heures de pratique qui ont permis à l’artisan de maîtriser diverses techniques nécessaires à la réalisation du produit. C’est aussi la minutie, la passion et l’amour qui transparait dans chacun des éléments qui le compose. Une pièce d’artisanat, c’est une œuvre d’art.

Le village de Mashteuiatsh regorge d’artistes et d'artisans talentueux. Ce sont des connaissances, des amis, des membres de ma famille. Ce sont des gens qui font partie de ma communauté, des gens qui me sont chers, des gens qui ont tous un parcours de vie unique et les défis qui vont avec. Quelques uns sont connus, mais très peu réussissent à vivre de leur art. Par Matsheshu Créations, je souhaite offrir une vitrine et des opportunités d’affaires à ces artistes et artisans. Je veux les mettre en valeur et les faire connaître. Je veux construire une plateforme qui leur permettra de s’épanouir.

La collection Milushkamu partie 2 regroupe 8 artisanes (ou 10 si on compte Carina et Lynda qui sont venues à ma rescousse quand j’ai eu besoin de perles mauves et de toile de tente à la dernière minute! ;) ). Elle comprend des boucles d’oreilles, des colliers, des bracelets, des porte-clés et des sacs en toile. Chaque pièce est unique et ne sera pas reproduite, donc marquez bien la date du lancement à votre calendrier!

Lancement officiel : Jeudi 10 juin 16h30

Raphaëlle Xxx

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Une première collection

Quand j’étais petite, j’adorais les livres avec des silouettes de femmes sur lesquelles je pouvais dessiner tous les vêtements de mes rêves. À 8 ans, j’apprenais déjà à apprivoiser la machine à coudre de ma mère pour confectionner mes premières créations. Aujourd’hui, à 22 ans, voilà que je lance ma première collection de produits uniques et que je me rapproche drôlement de ce rêve de petite fille de devenir designer de mode.

Tout à commencé en janvier 2021 lorsque j’ai enfin décidé de m’acheter un Ipad. À force d’expérimentation et de recherches, je découvrais tranquillement l’univers de possibilités qu’offre le dessin numérique! Lorsque j’ai appris que je pouvais créer des motifs uniques et les faire imprimer sur du tissus, je n’ai pas pu m’empêcher de designer quelques produits.

Pour les motifs, mon inspiration est venue du livre Ashineun (fierté) que j’ai découvert en 2018 lorsque je travaillais au Musée amérindien de Mashteuiatsh. Ce livre est en fait un catalogue qui répertorie différents objets ayant été fabriqués à Mashteuiatsh dans les années 1930 à 1950 qui se retrouvent actuellement au National Museum of the American Indian (NMAI) de la Smithsonian Institution.

Livre Ashineun, disponible gratuitement pour les Pekuakamiulnuatsh au Musée amérindien de Mashteuiatsh.

Livre Ashineun, disponible gratuitement pour les Pekuakamiulnuatsh au Musée amérindien de Mashteuiatsh.

J’ai toujours été fascinée par les objets anciens, particulièrement ceux qui ont été confectionnés à la main par des gens aujourd’hui disparus. Je me demande à quoi ils pensaient lorsqu’ils créaient, d’où il prenaient leurs inspirations, qui leur avait appris les techniques pour réaliser leurs ouvrages.

Lorsque j’ai revisité l’exposition Ashineun au musée l’été dernier, j’ai été touchée par les objets représentés. J’ai alors sorti mon livre de croquis et j’y ai redessiné chacun des motifs du catalogue. Une fois tous les motifs recopiés, j’en ai dessiné des nouveaux à partir des précédents jusqu’à ce que j’arrive à une version qui reflète mon style personnel.

Dessins du livre Ashineun recopiés dans mon cahier de croquis.

Dessins du livre Ashineun recopiés dans mon cahier de croquis.

Comme les paniers d’écorce ne sont plus des objets utilitaires et que nous changeons de vêtements beaucoup trop souvent pour passer des heures à les décorer, j’ai voulu créer des produits adaptés à la vie quotidienne d’aujourd’hui. Le port du masques ou couvre-visage étant maintenant la nouvelle norme, j’ai voulu créer un modèle confortable et versatile. Puis, ma kukum m’a raconté que quelqu’un lui avait dit qu’elle aurait aimé avoir quelque chose pour retenir son masque lorsqu’elle l’enlève pour ne pas avoir à le glisser dans ses poches. J’ai donc créé une chaîne de masque. Ensuite j’ai essayé de penser à un autre objet utilitaire qui pouvait être confectionné en tissu. Le chouchou à cheveux étant très à la mode, j’ai pensé qu’il serait intéressant d’en faire à partir de vrais élastiques à cheveux pour qu’ils soient solides et pratiques.

Produits SHATSHIPEMAKAU (Les bourgeons commencent à écolre) de la collection Milushkamu 2021

Produits SHATSHIPEMAKAU (Les bourgeons commencent à écolre) de la collection Milushkamu 2021

Tous les produits de cette collection ont été faits à la main avec beaucoup de cœur. Je remercie ma mère et ma kukum d’avoir accepté de coudre une bonne partie des masques et des chouchous et à ma fille Théa d’avoir été là pour nous obliger à prendre des pauses de temps en temps!

Lyse, Théa et Sylvie en train de travailler.

Lyse, Théa et Sylvie en train de travailler.

La collection Nipin (été) 2021 prévue pour juillet est déjà en préparation et inclura de nouvelles créations et (je l’espère) des pièces d’artisanat de plusieurs autres artisanes de la communauté.

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