Yvonne Bégin, artisane

Dans mon dernier article, je mentionnais que c’est très important pour moi de faire une place aux artisans locaux dans mon projet. Chaque artisan a une histoire riche et tellement de connaissances à partager! Je souhaitais donc offrir l’opportunité à mon employée Audrey-Anne de les rencontrer pour qu’elle puisse ensuite vous en parler et vous les faire découvrir. Voici le résultat de sa première entrevue avec madame Yvonne Bégin.

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Yvonne Bégin dans son atelier @Audrey-Anne Gingras, 2021

Mme Yvonne Bégin est une Pekuakamiulnu venant d’une famille de 5 enfants. Dans sa famille, sa mère ainsi que sa tante faisaient de l’artisanat et sa kukum, de la couture. En fait, c’est de sa kukum que Mme Bégin a appris tout ce qu’elle connait aujourd’hui.

Lorsqu’elle était jeune, elle était toujours avec sa kukum dans la tente et elle pouvait la regarder coudre pendant des heures entières. Un jour, sa kukum lui jeta un morceau de tissus en lui disant que c’était maintenant à son tour de coudre ; elle n’était âgée que de 5-6 ans à l’époque. À ce moment, Mme Bégin s’imagina un ours et elle commença dès lors à le découper. Une fois cette étape terminée, sa kukum lui donna du matériel pour remplir son toutou et elle lui donna ensuite des boutons pour faire ses yeux. Ce fut la première chose que Mme Bégin cousît. Elle continua à accumuler de l’expérience en faisant des poupées. Au départ, elle finalisait les poupées de son père en faisant la tête et les cheveux et, au fil du temps, elle confectionna des poupées entières. Les premières qu’elle réalisa n’étaient pas plus grosses qu’un petit doigt. Mme Bégin raconte qu’elle pleurait et criait parce qu’elle se piquait avec l’aiguille : « Je voyais ma kukum faire qui mettait son aiguille dans sa robe, mais moi j’allais trop vite et je me piquais ». Mme Bégin explique qu’elle voulait toujours aller plus vite et qu’elle était nerveuse, donc elle avait les mains qui tremblaient et c’est souvent pour cette raison qu’elle se piquait les doigts.

Un peu plus tard, lorsqu’elle s’est mariée, une de ses amies lui a remis une grande peau tannée et c’est avec cette même peau que Mme Bégin fit pour la première fois des mitaines. Elle commença alors à vendre ses créations à Mistassini et au village Huron.

Mme Bégin considère l’artisanat comme une source de revenu qui lui permet de se débrouiller dans la plupart des situations et c’est exactement ce que sa mère lui disait lorsqu’elle était jeune : « [l’artisanat], ça va te sortir de tes pétrins ! » En plus de pouvoir lui rapporter financièrement, l’artisanat lui apporte aussi au niveau spirituel. En effet, ça lui permet de « se reconnaître intérieurement » et, parfois, elle en oublie même de manger !

Je me sens fière de moi quand je fais toutes ces affaires-là.
— Yvonne Bégin

On peut reconnaître l’artisanat de Mme Yvonne par les poupées qu’elle fait ainsi que les mocassins, les sacoches, les tekenakans (portes-bébés), les boucles d’oreilles, les bracelets, les colliers ainsi que les capteurs de rêves. Puisqu’elle ne prend jamais de patrons (il n’y en a jamais eu dans sa famille), les poupées qu’elle confectionne sont toutes différentes et, alors que la majorité des autres artisanes font les yeux des poupées avec du crayon, Mme Bégin les brode ce qui leur donne un cachet particulier.

Enfin, Mme Bégin admire tous les artisans. En fait, elle aime tout le monde qui fait de l’artisanat et elle les encourage tous parce qu’elle trouve cela très important que l’artisanat se poursuivre à travers les générations. Elle a elle-même transmis ses connaissances lorsqu’elle travaillait à l’école Kassinu Mamu. Elle travaillait dans la cuisine et, lorsqu’elle avait terminé, elle allait voir les jeunes pour leur montrer ce qu’elle connaissait. Elle raconte qu’elle apprenait aux jeunes tout ce qu’ils voulaient apprendre. Son plus grand souhait est de montrer aux jeunes comment faire des poupées.

Écrit par Audrey-Anne Gingras


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Raphaëlle, xxx

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