Collection Shikuan 2022

Shikuan, c’est le pré-printemps en Nehlueun. Qu’est-ce que le pré-printemps ? C’est une saison supplémentaire qu’ont les Pekuakamiulnuatsh. En effet, chaque Première Nation a un nombre de saisons variable en fonction de son territoire. Sur le Nitassinan (notre territoire), la transition entre l’hiver et le printemps est assez longue.

Autrefois, le pré-printemps était un moment d’attente. C’était la période où il était difficile de se déplacer en raquettes à cause de la neige qui fond, mais où il n’était pas encore possible de se déplacer en canot parce que les rivières étaient encore gelées. Personnellement, dans un quotidien qui est beaucoup moins rythmé par les saisons, je surnomme le pré-printemps « la saison poche ». Vous savez, la saison où les jours de pluies et de neiges s’alternent, où le sol est parfois mouillés, parfois glacé et souvent boueux. À toute les fois que je m’emballe aux premiers redoux, je me rappelle que nous devons passer à travers cette mini-saison de pluie, de neige et de boue avant d’enfin accueillir le printemps.

Comment on fait pour créer des motifs attrayants à partir d’une saison poche ? On part de ce qu’il y a de beau. Pour démarrer mon processus créatif, je me suis imaginée dans un campement sur le bord d’une rivière, en attendant le printemps. J’ai senti les odeurs : la neige qui fond, la terre qui dégèle, l’eau froide qui coule. Ça sent bon. J’ai vu les couleurs apparaître sous la neige : le bleu de la rivière, le brun de la terre, le rose de l’écorce de bouleau. C’est cette ambiance fraîche, douce et odorante qui a donné le ton à la collection.

Pour le motif, je me suis plongée dans les livres du centre de documentation et d’archives de la Société d’histoire et d’archéologie de Mashteuiatsh. Dans un ouvrage dont j’ai oublié la référence, j’ai découvert un motif de double arches d’origine crie qui m’a particulièrement interpellée. C’est un genre de motif qu’il me semble avoir déjà vu sur des pièces innues également. Je m’en suis inspiré pour en faire un version plus contemporaine propre à mon style en conservant les courbes inférieures et en remplaçant la fleur du haut par une fleur plus réaliste.

Il est important pour moi de m’inspirer de motifs anciens pour rendre hommage à nos ancêtres. J’espère que dans mille ans, quelqu’un verra mon motif dans un livre et le réinventera pour qu’il revive pendant 1000 années de plus.

J’espère que vous aimerez cette nouvelle collection autant que moi! Milu shikuan, joyeux pré-printemps à tous ceux qui vivent sur le Nitassinan!

Raphaëlle
Xxx

Suivant
Suivant

Sylvie Langevin, artisane